A la Recherche des Modes Perdues et Oubliées : Album de la Mode du Figaro

"L'hiver parisien est un bel opéra. Décembre est son ouverture. Décembre est un beau petit cheval empanaché qui traine le char de l'hiver à travers la nuit illuminée.

Décembre fume dans une tasse de thé. Décembre flambe au milieu des buches.

Décembre en robe du soir, monte le grand escalier qui conduit aux fêtes étoilées de regards qui brillent.

Et pour le grand mariage que la nature attend, Décembre offre à chaque montagne sa robe de mariée.

Fastes et magie, scintillations et halos, intimités, enfantillages, plumes , rêves, cristal, neige et bougies roses, tout ce que contient dans ses jours et ses nuits le monde qu'entre tous nous chérissons, notre impérissable, notre enfantine faculté d'émerveillement l’accueille.

Mais peut être vivons nous une époque trop riche en extraordinaire pour que nous sachions toujours à quoi reconnaitre le merveilleux.

Qu'il nous suffisent d'être attentif aux plus humbles spectacles que la nature merveilleuse nous offre à chaque pas. Et nous comprendrons à la fraicheur de notre trouble, c'est à dire, à notre plaisir, que notre cœur jusqu'à l'hiver de notre vie, restera jeune pour une branche d'arbre, jeune pour un nuage, pour un coquillage, une herbe, un caillou"

"Hiver de Paris" Éditorial de la revue Album de la Mode du Figaro Hiver 1946/1947

Illustration de la couverture du magasine Album de la Mode du Figaro hiver 1947 1948 signée Raveling

"Chaque nuit renouvelle nos disponibilités de merveilleux. Nous émergeons d'un flot de ténèbres et de songes qui aurait pu nous engloutir. Nous avons beau dormir sous un toit, ce toit n'est pas lui même exposé à la fantaisie des nuages, des rêves et des étoiles ?
Au sortir de la nuit, nos gestes prennent une importance fabuleuse. Tourner un commutateur, retrouver à leur place habituelle les meubles, les tableaux, et nous même ! Entendre par la fenêtre, close encore, la voix de ceux qui se sont levés avant nous, un pas familier, la tous d'un inconnu... salut aux miracles de chaque jour que rien ne sépare de l'humble cours de la vie Allumons le feu....."
"Plaisir et merveilleux par Jules Supervieille"

Album de la Mode du Figaro hiver 1947 1948

Portrait signé Christian Bérard - chapeau de Caroline Reboux

Album de la Mode du Figaro hiver 1947 1948

"Paris aux nuits plus belles que ses jours"

"Dans la capitale enténébrée du premier hier de l'épreuve on eut dit que le jour ne se levais jamais. Mais Paris retrouvait le soir au dessus de sa tête ployée, les étoiles oubliées de Lutèce. Les rues blanches et boueuses devenaient des routes de village ; il suffisait de cinq arbres et la porte primitive surgissait de l'asphalte ; c'était assez d'un seul terrain vague pour l'air et le parfum des champs. Entre les falaises aveugles ds maison sans fissures, Paris enneigé et désert n'appartenait plus au temps.

Arrivent les heures de la libération avec, dans la sourde rumeur de notre violente espérance aux bords de sa récompense, les derniers coups de feu éteints par le déchainement soudain des cloches de la délivrance. Mille drapeaux sans couleur surgissaient partout à la fois dans le clair obscur joyeux de la ville ressuscitée. Et peu à peu renaquit la grâce perdue des soirs d'avant guerre. Cela ne se fait pas tout seul, et aujourd'hui encore, Paris n'a pas tout à fait retrouvé le paisible enchantement de ses nuits spécifiques. Déja pourtant ses ténèbres apparaissent déchirées de scintillantes entailles ; déjà les avenues, entre les deux crépuscules, s'éclaboussent de lumières ; déjà nous ne nous couchons plus sans regrets, sous un ciel dont les étoiles ont été de nouveau effacées par l'ardente lueur et des jeux de la paix."

Extrait d'un texte écrit par Paul Mauriac pour le revue Album de la Mode du Figaro 1947

"Les grandes soirées"

Illustration de mode signée Gruau
Robes du soir par Jean Patou - Bruyère - Nina Ricci
Album de la Mode du Figaro Hiver 1946-1947

Illustration de mode signée Gruau
Tenues de soirée par Lucien Lelong et Balenciaga
Album de la Mode du Figaro Hiver 1946-1947

Illustration de mode signée Gruau
Tenues de soirée par Mad Carpentier et Robert Piguet
Album de la Mode du Figaro Hiver 1946-1947

Illustration de mode signée Gruau
Robe du soir par Molyneux
Album de la Mode du Figaro Hiver 1946-1947

"Fastes"

... "Alors elle parut et si merveilleusement vêtue que Kazam , ébloui, se jeta à terre et se prosterna trois fois comme devant une divinité"...

Cet hiver, en regardant es collections, je ne me suis pas, tel Kazam, prosternée trois fois, mais devant certains ensembles du soir, j'ai secrètement dédié une pensée émue, presque fervente à celui ou celle qu les avait conçus. Pensée, à laquelle se mêlait aussi de la gratitude pour le droit dévolu au rêve. En effet, il semble que, cette année il n'y a pas pas eu, comme on 'avait laissé entendre, antagonisme entre telle ou telle conception, mais bien latitude généreuse habilement proposée à l’humeur féminine.

Dans la semi retraite de ces dernières années, nos Maitres d l'art de la Couture, ont du feuilleter l’histoire amoureuse du monde pour avoir ainsi offert tant de réminiscences.[...]

Sans doute cette explosion de vie ardente, ce désir de luxe fait songer aux fleurs multicolores qui hâtivement poussent sur es ruines - sans doute - mais c'est aussi un signe de vie tout court"

Extrait d'un article écrit par Arlette de Pitray

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

Création de Paquin à gauche et Worth à droite

Illustration signée Gruau

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

Création de Grès - Photographie Meerson

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

Création de Madeleine Vramant à gauche et de Pierre Balmain à droite

Photographie Meerson

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

Création de Paulette

Illustration signée Pierre Simon -

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

Création de Janette Colombier

Illustration signée Pierre Simon -

Album de la Mode du Figaro Hiver 1946 1947

"Intimité"