Fémina mai 1913 ¤

 

 "Ce sont les petits bourgeois et les gens de province qui vont tout bonnement se promener : les Parisiens qui se piquent d'élégance font du "footing".
C'est la même chose direz vous, au snobisme près... Quelle erreur ! Il est bien question de snobisme ! La promenade et le footing n'ont que des rapports lointains. Si vous prenez un modeste taxi au to pour aller déjeuner à Versailles, oserez vous dire que vous avez fait du sport, ce jour là ? Mais si vous vous rendez à Versailles dans une voiture à vous, et si vous vous harnachez d'un attirail compliqué, toque, voiles, lunettes, cache poussière, vous pourrez affirmer sans mentir que vous avez fait du sport.
Les personnes qui se promènent parce que ça les amuse et qui se promènent n'importe ou, avec n'importe quels vêtements, ne font pas de footing. On ne fait pas de footing au parc Montsouris ou au bois de Vincennes.
Les personnes qui font du footing ne sauraient se montrer ailleurs qu'au Bois de Boulogne, le matin, et l'après midi, dans certaines rues bien déterminées. Elles doivent, sous peine d’être disqualifiées, adopter des costumes spéciaux. Les tempérament des Parisiens et surtout des Parisiennes  du beau monde est si délicat qu'un footing accompli en toilette démodée serait un footing raté, dangereux, antihygiénique."
Extrait de l’Éditorial du journal Fémina du 13 mai 1913 signé Marcelle Tynaire
 
 
Couverture du Journal Fémina du 13 mai 1913 numéro "Spécial de Printemps Modes, Sports et Plaisirs de Plein Air"
Illustration "La joueuse de golf" signée J. Gosé
 
"Le matin au bois"
"Onze heures : la verdure somptueuse embaume et c'est le cadre et le moment rêvé pour le "footing" que toute vraie parisienne s'impose, non seulement par hygiène, mais aussi pour faire admirer à ses amies son dernier tailleur . La coupe en est nouvelle et la grâce parfaite ; la modestie ingénue d'une collerette vient mettre sa note blanche sur l"étoffe bleu sombre qu'avive encore l'éclat d'une ceinture qu'on croirait ravie à un archevêque"
 Les tenues ne sont pas attribuées - La photographie est signée Cl. Agié
Fémina du 13 Mai 1913 

A gauche : "La toilette rêvée pour le footing : quoi de plus pratique pour trotter, que cette toilette qui dégage la marche et laisse à la silhouette toute son élégance. Elle est en serge fine bleu marine  la jaquette croisée est éclaircie par un col et des revers de linon blanc, qui font valoir la rondeur du cou et la grâce frêle des poignets" Photographie anonyme
A droite : " Tailleur du matin. Malgré la séduction des chiffons féminins, les coquettes empruntent parfois au costume masculin la sécheresse des lignes et la correction des  tissus. En dépit des fantaisie de la mode, la tailleur strict est toujours élégant aux heures matinales, c'est même le seul qui conviennent. Et quel plaisir, ainsi vêtue simplement , de fouler d'un pas souple les jolies allées du Bois !"
 Photographie signée Ruck - Fémina du 13 avril 1913 
 
"L'heureux vainqueur"
 "Essoufflé, las, les mains dans les poches, il écoute avec une complaisance désinvolte les félicitations de ses admiratrices Après avoir assisté aux péripéties de la lutte, les voici toutes groupées autour de lui. Clotilde avec son manteau de granité orange. Lucette en légère ratine blanche à revers rouges. Mathilde en molleton vert. Elles versent lentement le thé au vainqueur, espérant l’heure prochaine où réconforté, reposé, revêtu du smoking impeccable, il redeviendra l'élégant cavalier, sur lequel elles comptes, ce soir, au casino , pour le tango"
"Dessin inédit de Bernard Boutet de Monvel" pour illustrer le tennis dans le journal Fémina du 13
 mai 1913
 
"L’arrêt en auto près du bois"
" A l'orée du bois, l'auto s'est arrêtée un instant et les promeneuses en sont descendues pour se reposer sous les frais ombrages : les voilà qui se préparent à repartir et Mlle Huguette Dastry, la charmante artiste de la Renaissance, enfoncée dans un lourd manteau de grosse vigogne "marron d'inde", va remonter au volant, suivie de ses deux amies dont l'une porte un cover coat "café grillé" souligné d'un col de velours côtelé, et l'autre un manteau épais "homespun brouillé à fond vert", rehaussé d'une petite note éclatante de drap rouge qui lui donne une allure très chic"
La photographie est anonyme -  Fémina du 13 mai 1913
 
A gauche : "Bonnets d'auto - Les bonnets d'auto offrent beaucoup de variété. Quelques sportswomen affectionnent le chapeau de paille bleu turquoise (en haut), mais la plupart préfèrent le bonnet de tussor drapé autour de la tête (au centre), ou le bonnet de cuir souple aux couleurs vives (en bas)"
A droite : " Voici encore quelques nouveaux modèles de bonnets. En haut : petit chapeau, paille noire à fond de satin violet, au centre, chapeau de paille bleu vert drapé de charmeuse bouton d'or. En bas : bonnet de satin violet"
Portés par Melles Mareix et Lambrey des Variétés - Photographies Art Fémina
Fémina du 13 mai 1913 

"La promenade matinale - A coté l'un de l'autre, le cheval alezan et la cheval pommelé foulent l'allée encore humide de rosée nocturne. Cavalier et amazone s'harmonisent par une élégance très anglaise. Leurs melons s'appareillent et leurs vestes sont à ce pont semblables qu'ils pourraient les échanger. Sous le ciel un peu brumeux que va bientôt percer le soleil léger de mai. Ils vont s'élancer d'un galop joyeux sous les frondaisons naissantes"
"Dessin inédit de Philippe'  -  Fémina du 13 mai 1913
 
A gauche : "Tenue de bord, l'uniforme est de rigueur : vareuse bleue, jupe blanche" Illustration signée Hy Fournier
A droite : " Après la partie. Qu'elle joue "'pour suivre son mari" ou "pour maigrir", la golfeuse après la partie, revet un chaud manteau de golf : en voici un modèle tout récent  : grand paletot de lainage blanc, doublé de lainage kaki qui, en se retournant, forme revers"
Photographie anonyme   - Fémina  du 13 mai 1913 

 "En attendant le départ du train"
"C'est l'été, le moment des départs est venu ; les somptueux sleeping cars attendent les voyageuses. Elles ont là sur le quai d'embarquement, recouvertes de leurs grands manteaux ; la première revêtue d'un grand paletot "mousse d'automne" aux larges revers croisés et au petit col de renard* , la seconde portant le grand manteau droit rouille à col cassé, et la dernière le pare poussière en tussor naturel, garni de biais de soie noire. Rieuses, elles sont groupées harmonieusement et incarnent sans s'en rendre compte toute la poésie des voyages"
 La photographie n'est pas attribuée  -  Fémina du 13 mai 1913


 "La semaine dernière encore , nous étions dans de verts jardins et nous voyons courir sur la prairie de charmantes jeunes filles parées de robes légères et couronnées de fleurs. Cette fete là aussi était très pittoresque et d'une originalité piquante; mais cette fois, il n'y avait pas moyen de se faire illusion ; on e pouvait pas prendre ce bal fantastique pour un rêve, car il se passait en plein jour, à la clarté sincère et - partant - cruelle du lustre éternel vulgairement appelé Soleil. On a beaucoup médit de ces bals du matin, que l'on accuse d'être fort désavantageux à la beauté des femmes, mais nous, qui prétendons avoir un haut sentiment de justice, nous les défendons , nous les glorifions comme une mesure équitable, destinée à réparer bien des erreurs et à rétablir bien des droit.
Il ne s'agit plus d’être richement parée, d’être une femme à la mode, d’être une femme d'esprit, il s'agit d’être blanche et rose, d'avoir cette limpidité du regard et cette fraicheur du sourire que l'on ne possède qu'un moment, dans l'age béni de l'ignorance'"
Extrait d'un article sur les Garden Parties signé Nada pour le journal Fémina du 13 mai 1913

"Au marché aux fleurs"
"Le marché aux fleurs offre sa symphonie multicolore... Tout ce qui est couleur, tout ce qui est parfum, embaume et rayonne. Et voici que trois fleurs errantes, trois Parisiennes s'approchent. La blonde, vêtue d'une jupe aubergine et d'une veste de satin blanc saisit une brassé d'iris, la brune fleurit son gilet broche d'un camélia rouge et la rousse enfin, aspirant l'odeur poivrée d'un œillet, pose sur la tache verte de sa courte tunique à ramages, u ne lourde poignée de tulipe multicolores. A leurs pieds, petit jardin éphémère, les bégonias fleurissent l'asphalte."
Dessin inédit de Maurice Lalau 
Fémina du 13 mai 1913
 
"Toilette de garden parties , création de Bazau"
De gauche à droite :
" Rose charmeuse bleu sombre. Habit de mousseline de soie brodée de roses. Ceinture drapé liberty Noir"
" Robe de charmeuse blanche garnie de girandoles de perles. La ceinture est drapée en charmeuse cerise"
" Costume de charmeuse violette. Les revers de la jaquette sont brodés avec mélange d'or. Gilet de satin blanc"
"Robe de crêpe de  Chine vieux rouge, garnie de ganses formant ceinture. Gilet de voile de soie blanc bordé de tulle"
Illustration signée Lucy - Fémina du 13 mai 1913
 
"Les robes légères"
De gauche à droite :
"Robe de charmeuse citron, la jupe formée de volants plats se termine par un volant de dentelle"
"Robe de charmeuse mauve à tunique de dentelle. Mantelet de mousseline de soie noir bordé de franges"
"Robe de foulard bleu à pastilles noires, gilet à revers noir. Bretelles de Venise semblables au bas de la jupe"
"Robe de mousseline blanche et dentelles. Haute ceinture de charmeuse et velours verte, bouquet de roses"
Illustration signée Lucy  -  Fémina du 13 mai 1913

"Robe d'après midi - création de Aine-Montaillée
"Robe de satin vieux rose, garnie d'un col et d'une ceinture de charmeuse ivoire rebrodée en camaïeu. Doubles revers de tulle blanc. Chapeau aigrette* "
"Robe de crépon Durbar fraise ceinture et sol de satin gris éléphant, fichu de tulle maline drapant le corsage ,poignets de tulle"
"Robe de charmeuse grise. Petit col et revers de dentelle. A la jupe, retroussis fiwés par des noeuds de velours noir. Ceinture à broderie bulgare"
L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 juin 1913
 
"Robes d'après midi -  Création "Au Sablier"  "
De gauche à droite :
"Manteau drapé en crêpe de chine broché vert myrte, garni d'un col et garni de satin blanc et de boutons assortis verts. Petit chapeau de satin"
"Tailleur fantaisie fait d'une jupe à damier violet et blanc, veste très ouverte en faille, col et revers même tissu que la jupe, chapeau de taffetas"
"Robe de satin bleu foncé, très simple et très jolie de ligne, garnie d'une collerette de linon plissé, chapeau drapé en satin orné d'ailes"
" Robe de satin souple on drapée sur le coté. Petit corsage très ouvert sur un gilet de satin blanc chapeau enlevé d'un couteau d'autruche*  "
 L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 juin 1913
 
A gauche de haut en bas : 
"Chapeaux pour garden parties - Créations de Monna Canda portées par Melle Greuze"
"Chapeau de paille rouge garni d'un large nœud de moire noire  -  Chapeau de tulle blanc garni d'une couronne de verveines teintées -  Bonnet de satin blanc garni de ruches de tulle, petite rose sur le coté  -  Chapeau paille d'Italie à fond de satin et doublé de velours roses sur le coté"' 
Photographie signées CL H Manuel)
A droite, de haut en bas :
"Pour les courses - Créations Love"
"Toque de picot noir, fond de tulle. touffes d'aigrettes crossées* ; roses roses  -  Chapeau Louis XVI, très relevé derrière garni d'un bandeau de crosses noires*  -  Chapeau de paille anglaise garni de deux flancs de paradis* , nœud derrière"
Photographie d'Art Fémina
Revue Fémina du 13 juin 1913 
 
"Pour les courses"
A gauche : "Robe "danseur inconnu en charmeuse bleu marine, garniture du corsage en maline blanche, ceinture avec motif. Broderie sur satin jaune, jupe garniture sur le coté, quelques boutons et grands pan en charmeuse finissant par un gland couleur"
A droite : "Robe d'après midi. La jupe est en charmeuse noire, casaque brodée devant. Le jabot et les manches en maline blanche , ceinture en drap des Cévennes bleu avec sur le devant un grand pan de charmeuse noire finissant par des  petits glands"
Création Piper et Cie  -  Photographie Cl Félix - Fémina 13 mai 1913
 
 
"Après l'heure des tziganes"
"Dineurs et dineuses quittent le restaurant dont les fenêtres illuminées trouent de clartés vives la fraicheur nocturne des bois. Ils vont sans doute achever leur soirée à l'audition de quelque musique russe ou italienne. Les grands manteaux mettent des taches violettes et bouton d'or sous les frondaisons assombries, tandis que les tziganes achèvent amoureusement leur plus douce et leur plus lente valse. Cette fantaisie savoureuse de George Lepape synthétise de la manière la plus plaisante tout ce que le parisianisme moderne a d'élégant et de raffinée
Illustration signée George Lepape - Fémina du 13 mai 1913
 
"Robes du soir"
A gauche  " Robe du soir en mousseline de soie, orange, brodée de grosses fleurs de soie, d'or et d'azur très mats"
Au centre : "Robe du soir en météore vert changeant. Tunique en tulle vert brodé de motifs faunes et bleus"
A droite : "Robe du soir en liberty veuille de rose noué dans le bas par une agrafe de strass. Tunique de tulle perlée"
Créations Agnès - L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 mai 1913

"Coiffures de Grand Gala"
 
"D'une allure très élégante cette première coiffure est composée de trois poufs d'aigrettes maintenues par trois boutons bijoux d'où les aigrettes semblent fuser audacieusement; c'est une coiffure tout indiquée pour les grandes fêtes du soir de la saison parisienne"
L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 ai 1913
 
"Non moins élégante mais d'une allure plus souple, cette seconde coiffure est formée par deux paradis noirs avec colliers de perles disposé en jugulaire et courant dans les cheveux. Les paradis, dans leurs mouvements souples accompagnent merveilleusement la ligne du cou."
 L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 ai 1913
 
 "Cette coiffure est d'une simplicité de lignes qui forme avec les deux autres un charmant contraste. Les cheveux hardiment relevés sur la nuque, se terminent en un pouf gracieux avec enroulements de perles. Rien n’est plus seyant à la pureté d'un profil et la femme pourvue d'une opulente chevelure pourra facilement  se coiffer de la sorte"
 L'illustration n'est pas signée - Fémina du 13 ai 1913

"Robes et manteaux du soir"
De gauche à droite
"Manteau trois quarts en taffetas brodé de fleurs de couleur noire. Écharpe en charmeuse bleu de roi"
"Robe en charmeuse rose Dubarry . Épaulettes de tulle blanc/ Manteau de charmeuse violet doublé de noir"
"Charmeuse noire garnie de motifs pailletés ou de girandoles perles, corsage de mousseline soie"
"Robe de crêpe de Chine jaune voilée d'une double tunique de mousseline de soie blanche. Ceinture drapée de soie"
L'illustration est signée Manon - Les modèles ne sont pas attribués.
Fémina du 13 mai 1913
 

 
Publicité pour les produits Malaceine - Mai 1913
 
Publicité équivoque pour l' "Auto Masseur Électrique Splendor" - Mai 1913
 
 

 * Ce blog ne cautionne en aucune façon l'utilisation de la fourrure  ou des plumes véritables , qui devrait être interdite au XXIeme siècle. Toutefois, il est impossible de parler de la mode au XXeme siècle sans y faire référence.
 
Cet article est un hommage aux modes du XXeme siècle. Un moyen de partager ma collection de revues anciennes avec d'autres passionné.e.s
Le but, clairement, n'est pas d'en tirer profit.
 
D'autres revues parues en 1913, à voir dans le blog :